Made with racontr.com

Epilogue - Bruxelles, le chant de l'exil


alt

Le petit concert terminé, tout le monde se rue vers les köfte ekmek (de copieux sandwiches bourrés de viande) servis par la maison. Pendant ce temps, je prends à part l'un des chanteurs. Son nom est Ufuk Lüker. Il n'est pas kurde, mais son évolution musicale est restée proche des sonorités de l'est de la Turquie. Il a joué pour Grup Yorum, un des premiers groupes turcs à ouvertement soutenir, et à chanter, la cause kurde.​



Des amis se retrouvent dans une maisonnette de la banlieue bruxelloise. Pour se remémorer du bon vieux pays, ils sortent tous un instrument, un luth de préférence et ils chantent à l'unisson en turc, "Gündüz Gece", où le narrateur de la chanson, épuisé, "dans un caravansérail à deux portes, marche jour et nuit, jour et nuit, jour et nuit..."​






Alors qu'il donne un concert en Allemagne, Ufuk apprend que son appel est rejeté. Il se trouve confronté à un dilemme : l'exil ou quatre ans de prison. Il choisit de quitter ses camarades et ne retournera en Turquie que quinze ans plus tard.


— J’ai fait ma demande d’asile en Hollande, je connaissais déjà bien les autorités là-bas. Je possède maintenant la nationalité hollandaise. Depuis, j'habite à Anvers et je travaille là-bas.




alt

"La police m'a souvent demandé d'arrêter de jouer en me disant "On peut se battre contre les fusils, mais pas contre la musique".


alt

Dans les années 1990, avec Grup Yorum, Ufuk compose des chansons qui parlent de la guérilla du Kurdistan. Une en particulier, nommée Misri Kiz, raconte l'histoire d'une fille amoureuse d'un guérillero kurde. "J'avais dit à un concert dans l'ouest de la Turquie que rien ne peut arrêter l'amour, même pas le gouvernement." Directement après le concert, il est arrêté par la police.

 

 

J’ai été plus de dix fois dans le département de police d’Istanbul, et j’y ai été torturé plusieurs fois. Une fois, on m'a pendu par les bras, et je ne pouvais pas me libérer pour aller aux sanitaires.

Au bout de 6 mois de prison, Ufuk est libre, mais pas pour longtemps. Alors qu'il est encore incarcéré, on intercepte une correspondance entre lui et des prisonniers politiques du DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple, une organisation d'extrême gauche illégale en Turquie). Ufuk est condamné à 4 ans de prison pour "appartenance à une organisation terroriste". 

 

Mes discussions avec eux étaient uniquement d'ordre musical. Ils nous aidaient à écrire des chansons, et à agrandir notre perspective des choses. Et nous les aidions aussi parce qu'ils n'avaient pas droit à la parole en prison.



Cliquez ici pour entendre Ufuk (en anglais)

                ▼

Belgique

alt

Bruxelles

Istanbul

Turquie

alt
alt
alt

Des nouvelles de Kobané sont arrivées

​(cliquez sur le musicien)

alt